Je vois, même si je ne veux pas

Stéphanie Lotz

Karine

 

Derrière un visage, tout un monde. Face au regard, des mondes, et leurs réalités. L’ignorance serait plus confortable, mais décidément, la perception des sens empêche de s’y complaire. La conscience s’invite. Est-il possible de la cacher, de s’y soustraire ? En partie seulement, car même si je ne veux pas, je vois.
Lutter contre la faculté de ne pas se sentir concerné, la nécessité de l’altérité s’impose, l’interdépendance devient une évidence, l’empathie active envahie et donne l’élan de vouloir secourir, de faire connaître et de provoquer des réactions, des actions, contre le dénuement, sauver des âmes, sauver des femmes.
– Je ne me cache pas, mais me vois-tu ? Sais-tu qui je suis ? Je ne suis pas seulement un visage docile, je ne possède pas des mains uniquement utiles. Mes mains et mon visage illustrent ma vie et mon besoin d’autrui, et aussi sa compréhension, sa compassion. Je ne veux symboliser ni la résilience inscrite sur moi telle une fatalité, ni l’abnégation ; la vie ne m’a pas été offerte pour n’être que résignation. Non vraiment, c’est une destinée à laquelle je ne me destine pas.

 

 

 

Michèle

Moui

Sidonie

Sophie