En Asie du Sud, une plateforme virtuelle de partage et de guérison pour les survivants d'abus

27 Jan 2021

En Asie du Sud, une plateforme virtuelle de partage et de guérison pour les survivants d’abus

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Le « Anju Project » est une plateforme en ligne qui couvre l’Inde et les pays du Sud, ayant pour but de former une communauté de soutien ; c’est un lieu d’interconnexion où les expériences peuvent être partagées dans le but de trouver du réconfort. Il s’agit d ‘apporter du soin aux personnes marginalisées par le genre ayant subi quelconque forme de violence.

Pour conceptualiser une telle plateforme, Amruta Valiyaveetil s’est appuyée sur son propre vécu de relation abusive.

Elle explique, « Ce qui m’a brisé, ce n’est pas tellement la relation elle-même, mais le fait que personne autour de moi ne comprenne ce que je traversais, ni même que mon partenaire soit capable de tels actes. »

Elle a pensé le « Anju Project » comme un endroit virtuel pour les personnes qui ne peuvent compter sur le système naturel de soutien (famille, amis, etc.), celui-ci n’ayant plus les moyens de comprendre les personnes en situation de violence émotionnelle.

« Ce qui m’a réellement aidé à ce moment-là, a été d’être en contact avec les ex-partenaires de mon compagnon, qui avaient subi les mêmes violences. En échangeant avec elles, je me rappelle m’être sentie normale et accompagnée dans ce processus. »

C’est à partir de là qu’elle a commencé à chercher plus de soutien auprès de son entourage, ce qui, selon elle, a été beaucoup plus efficace qu’une thérapie.

Aujourd’hui, Amruta combine ses études de médecine vétérinaire et d’épidémiologie avec une concentration sur la santé sexuelle et reproductive ainsi que sur les violences. Elle est aussi engagée dans la lutte intersectionnelle pour les droits de genre et pour la santé animale.

Elle a donné à la plateforme le nom de sa sœur « Anjana » qui signifie « inconnu » en hindi. Elle se souvient qu’Anjana était une enfant différente, et elle a toujours été laissée pour compte en grandissant. Anjana a appris très tôt ce qu’être marginalisé signifiait et, si Amruta avait besoin d’elle, elle était toujours à ses côtés.

La plateforme est essentielle dans le contexte actuel de la Covid 19, et des conséquences pour les violences de genre : « L’Inde a un système profondément patriarcal, qui a joué et continue de jouer un rôle néfaste non seulement sur les femmes mais aussi sur les hommes et la communauté LGBTQIA. En Inde, on entend constamment parler d’évènements d’une extrême violence, malgré tout banalisés par la société. Mais c’est en fait dans la violence environnante quotidienne que vous vous retrouvez peu à peu vaincu, qui plus est, la plupart du temps au sein de votre propre foyer. C’est justement cette violence, banalisées par la société qui précède la violence physique. Celle-ci est malheureusement invisible parce que mal identifiée, ignorée et/ou considérée comme n’étant pas « suffisante » pour être défini comme de la violence en tant que tel.

Le Anju Project est un lieu virtuel protégé de partage.

« Dans le contexte actuel poussant vers la digitalisation, le « Anju Project » fourni une communauté sure, où il est facile de partager les histoires de maltraitance. Chacun a le choix de se confier en privé ou non, d’être mis en relation avec un avocat, ou de simplement recevoir des réponses de la communauté. Dans les deux cas, l’interaction avec la plateforme peut rester anonyme ou non. Les messages sont vérifiés par des défenseuses et défenseurs de victimes de violence dans le cadre de relations intimes tou.te.s membres de notre équipe. Nous modérons les messages pour garantir la sécurité de la communauté et éliminer les messages haineux. Le « Anju Project » dispose également d’une bibliothèque de livres et de films sur des thèmes très variés, allant de la santé à l’art. Le thème principal est la compréhension de la violence comme système international ancré dans nos sociétés à travers divers systèmes de domination patriarcal.

Le « Anju Project » est actuellement à la recherche de partenariats pour élargir son champ d’action et développer son réseau. Il est déjà en partenariat avec Sakhi , une organisation qui lutte contre les violences basées sur le genre pour les femmes d’Asie du Sud aux États-Unis, et maintenant, avec Women Included, une organisation féministe transnationale.

Nous encourageons vivement les organisations travaillant sur les droits des personnes marginalisés en raison de leur genre et luttant contre les violences sexuelles fondées sur le genre ainsi que contre les violences par des partenaires intimes, à nous contacter. Nous avons également besoin d’avocats et de professionnels qui souhaiteraient apporter leur expertise lors d’évènements ponctuels de leur choix, ainsi que de groupes expérimentés dans le domaine de la justice sociale, pour nous soutenir numériquement.

Restez à l’écoute des prochains événements sur Instagram @theanjuproject ou directement sur le site web TheAnjuProject.com :

Session d’art-thérapie : Exprimer ses émotions en temps de crise
Session de création littéraire guidée
Groupes de soutien hebdomadaires en ligne

La formation de réseaux de solidarité féministe transnationaux est essentielle pour transformer les projections des sociétés sur les différences qui stigmatisent l’Autre, une cause majeure de violence. En tant que membre de Women Included et du « Anju Project », l’interconnexion qui regroupe nos travaux respectifs est devenue évidente. Elle est nourrie par notre engagement aussi bien émotionnel qu’actif contre toutes formes de domination et de violence. Nous réalisons que la violence est un système dévastateur qui affecte la Terre entière ; c’est dans le cadre de cette réalisation, que notre quête pour éliminer la violence contre les personnes et notre terre nous a mené.es à mettre l’accent sur les autres systèmes qui nous relient – comme la compassion, l’innovation, la solidarité, l’écoute, la création, l’art et la voix.

Crédit photo : Gary Ross