Unearthing Women's Words, Women's Archives, Women's History: Feminicides (1)

Part 1
7 Oct 2019

Unearthing Women’s Words, Women’s Archives, Women’s History: Feminicides

Chaque premier janvier, les bonnes résolutions sont prises, et puis Il y a la première de l’année, assassinée par son conjoint ou ex.

Le 12 aout elle était la 88ème ou peut être la 89ème elle avait 71 ans. Il n’y a pas d’âge pour être tuée par son partenaire ou ex.

Le 27 septembre 2019, la nouvelle tombait, la 111ème victime de féminicide de l’année en cours avait été découverte.

L’épidémie est mondiale et quasi permanente pratiquement invisible à l’œil politico économique, dominée par le patriarcat, habitué à ne voir que les enjeux stratégiques, « sécuritaires, » qui occupent le devant de la scène publique.

En France, le gouvernement organise cette année un Grenelle (Une conférence regroupant de nombreuses organisations) « violence contre les femmes » du 3 septembre au 25 novembre arguant qu’il faut trouver des solutions globales à ce fléau, mais sans envisager jusqu’à présent le déblocage de nouveaux financements.

L’Espagne a consacré 200 millions d’euros pour lutter contre les violences conjugales considérées parfois comme du « terrorisme misogyne. » L’Espagne a reformée son système pénal en 2004, créant 106 tribunaux et un parquet spécialisé. En 15 ans le nombre de femmes tuées par leur conjoint chaque année est passé de 71 à 43.  En comparaison, la France affiche des résultats médiocres avec ses 79 millions d’euros promis. Or, la Fondation des Femmes estime qu’il faudrait entre 500 millions et 1 milliard d’euros de budget pour lutter efficacement contre les violences conjugales à elles seules. Le budget alloué au Secrétariat à l’Égalité femmes-hommes présenté le 25 septembre 2019 pour l’année 2020 a baissé de 25.750€ par rapport à 2019 (budget 2019:  29.871.581€ ; budget 2020: 29.845.831€). Comment une telle réalité de vie et de mort pour plus de la moitié de la population peut-elle non seulement avoir persisté mais ne pas constituer une priorité sociétale ? Et pourtant, il y a eu écrits, études et autres formes de recherches et d’information sur ce fléau qui s’abat sur des femmes prises dans un tourbillon de violences de la part de leur proches ou ex, et pour quels effets ?

L’invisibilité des crimes sur les femmes vient du fait qu’ils sont mal nommés comme le rappelle Amélie Gallois dans « On tue une femme, » pire encore ajoute-t-elle, « mal nommer un objet c’est lui en substituer un autre. »

Jusqu’en 1975, l’adultère était considéré comme une circonstance atténuante dans le cas d’un meurtre commis par l’époux sur son épouse : seuls les époux étaient excusables. En Italie, le crime d’honneur n’est aboli que depuis 1981. Dans sa thèse intitulée « Le crime passionnel. Étude du processus de passage à l’acte et de sa répression » publiée en 2007, Me Habiba Touré explique « à l’époque, l’homme qui tuait sa femme était un romantique ».

En France, ce n’est que depuis 25 ans, que le crime conjugal est devenu une circonstance aggravante du meurtre/assassinat (Décret no 94-167 du 25 février 1994 modifiant certaines dispositions de droit pénal et de procédure pénale). En 2006, cette disposition sera élargie aux concubins, «pacsés» et aux «ex», le meurtre sur un conjoint, pacsé concubin ou ex étant puni de la réclusion criminelle à perpétuité (à noter que le code pénal ne pose que des peines plafonds et non des peines planchers ; le juge étant libre de condamner « le mis en cause » à une peine bien moindre). Depuis quelques années, les associations féministes emploient le terme « féminicide » (le meurtre d’une femme/fille pour le fait qu’elle soit femme/fille, que ce soit dans la sphère intime, non intime ou publique) pour parler des violences conjugales et militent pour sa reconnaissance pénale.

Comme souvent, l’art doit venir à la rescousse pour sortir des mythes qui ont permis le patriarcat, et revenir à la réalité.  La performance dans les lieux publics possède les qualités de la dissidence et aussi de la conscientisation nécessaire. 

Suite à la grande collecte des archives de femmes de 2018, l’artiste Sophie Bourel a conceptualisé un projet de mise en espace de lecture à voix haute intitulé Mots Écrits, à partir de la réalité des textes d’archives de femmes pour mettre sur la scène une histoire des femmes qui a été invisibilisée. Les textes seront lus à voix haute par des amateur.es qui auront été formé.es par l’artiste. Sophie Bourel croit, en effet, en la force de la lecture à voix haute qui est à la fois un art exigeant et accessible à toutes et tous, « et cela fait du bien mécaniquement. »

Photo credit : Camila Quintero-Franco