Une autre femme est tombée: Catherine Sauvage a tué son tortionnaire, a été condamnée pour cela, est morte prématurément

8 Août 2020

Une autre femme est tombée: Catherine Sauvage a tué son tortionnaire, a été condamnée pour cela, est morte prématurément

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Récemment en France, Catherine Sauvage est morte à l’âge de 72 ans. Pourquoi ai-je jugé nécessaire d’écrire sur sa mort ? Parce que sa mort est marquée du sceau de la violence et des maltraitances, trop souvent qualifiés de « violence conjugale », ce qui fait que les dommages n’apparaissent pas réels.

Quant à Catherine Sauvage, elle a été considérée comme la meurtrière après avoir tué son mari en 2012. Elle avait subi la violence et les viols à répétition de son mari pendant trop longtemps, 47 ans, quand un jour, après une menace de plus, elle en a eu assez et elle lui a tiré dans le dos.

Son fils, lui aussi victime de la violence de son père, s’est suicidé le même jour. Ses trois filles ont également été victimes d’abus sexuels. Le tortionnaire exerçait son autorité au foyer, mais la sphère publique ne tenait pas compte de la situation.

Malgré la révélation des circonstances qui ont motivé ce meurtre, le tribunal l’a condamnée à dix ans de prison. Ses deux avocates ont plaidé un cas de légitime défense, ses filles ont décrit au tribunal et au jury l’épreuve que sa famille a subie, et pourtant, cela n’a pas suffi à mettre Catherine Sauvage à l’abri de nouvelles souffrances. La sentence a déclenché une vague de protestations de la part des organisations féministes. Après avoir reçu ses filles et entendu leur plaidoyer, le président François Hollande, lui a accordé une grâce totale ; elle a été immédiatement libérée.

Ce rapide résumé de son calvaire ne peut transmettre l’effet de cette Injustice complète sur son esprit et son corps. Sa mort prématurée n’est pas une surprise ; elle n’a pas reçu de médaille pour avoir tué un tortionnaire comme l’aurait fait un soldat. Elle était coincée dans la sphère privée, où les femmes travaillent gratuitement, sont maltraitées, et doivent être maintenues dans la modestie et la soumission. Il existe différentes façons de torturer les femmes, physiquement ou mentalement. En raison du mépris total pour leur existence, tant dans la sphère privée que publique, les femmes sont amenées à se suicider. Le comportement de leur partenaire les déshumanise, leur donne le sentiment d’être ignorées ou négligées. Dans tous ces cas, les femmes sont enfermées dans la sphère privée où elles sont réduites au silence. Alors que de nombreuses femmes vivent dans un sentiment constant de peur et d’injustice, pour Catherine Sauvage, ce sentiment a été aggravé par le remords d’avoir perdu son fils, qui a fait des ravages sur sa santé mentale et physique.

Néanmoins, certaines voix, dont celles des femmes du journal de gauche Libération, ont condamné François Hollande pour être intervenu dans les affaires de la justice et avoir modifié une sentence confirmée par la cour d’appel. De même, Emmanuel Macron, l’actuel président, est également accusé d’ingérence dans le système judiciaire parce qu’il a déclaré que Catherine Sauvage était un symbole pour les femmes battues. L’argument est que l’indépendance du système judiciaire est en jeu. D’autre part, déshumaniser les femmes plus vulnérables qui ne peuvent même pas compter sur le système d’ordre public pour demander une protection tout en étant torturées en privé ne compte pas. C’est l’ironie ultime. Ce qui est surprenant, c’est que les femmes de gauche qui défendent la justice pour tou.te.s aient si peu de compassion pour une femme qui continue à se battre malgré les coups et qui, en fin de compte, ne fait que défendre ses enfants et elle-même.

En revanche, lorsque la députée new-yorkaise Alexia Ocasio Cortes a répondu au langage obscène du député de Floride Ted Yoho, son défi tranchant au patriarcat omniprésent et abusif a séduit de nombreuses femmes. Elle a utilisé sa voix et le langage qui a donné aux femmes un sentiment de dignité et le courage de ne pas rester silencieuses. Nous ne pouvons pas accepter la violence des hommes sous toutes ses formes ; ce n’est jamais salutaire, et le silence, comme elle l’a rappelé, est une forme d’acceptation.

Catherine Sauvage est morte parce que notre société est restée silencieuse, pas elle ; elle était simplement murée dans l’invisibilité de la sphère privée qui offre plus de violence et de déshumanisation au monde. La société honteuse des mensonges et des insinuations a tué une femme de plus !

Crédits photos : Kat Jayne