Avec le vaccin contre la Covid 19, l'équité dans le domaine des soins de santé n'est toujours pas à l'ordre du jour

5 Nov 2020

Avec le vaccin contre la Covid 19, l’équité dans le domaine des soins de santé n’est toujours pas à l’ordre du jour

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Pourquoi ne serions-nous pas étonnés qu’un (éventuel) vaccin COVID-19 ne soit pas distribué équitablement à travers le monde ?

Nous savons que le moteur de l’inégalité s’est emballé avec le néolibéralisme, il a structuré notre monde, entre nantis et démunis, entre ceux que l’on va faire mourir et ceux que l’on va laisser vivre, au regard de l’ethnicité, du genre, et de la classe sociale.

La course au vaccin a commencé. Un rapport OXFAM récemment publié confirme que l’inégalité en matière de santé suit les lois dictées par la logique de marché, version néolibérale. Le rapport établit que les nations riches, représentant 13% de la population mondiale, ont déjà conclu un accord avec les cinq grandes sociétés pharmaceutiques pour recevoir 51% des doses vaccinales promises. L’accès aux soins de santé, dans un contexte d’accumulation de richesse excessive, suit toujours le schéma d’avant la pandémie, malgré toutes les promesses de changement. Bien sûr, ce n’est pas une surprise. Le système de marché, fondé sur une accumulation exponentielle de profit, a généré des inégalités dans tous les secteurs de la société moderne, tout en les justifiant par un accès illusoire à la technologie moderne et à une certaine forme de confort matériel.

La réponse tardive des gouvernements à la pandémie de coronavirus a induit un système verrouillant l’accès au travail rémunéré à toute une frange, déjà vulnérabilisée, de la population, ce qui a plongé de nombreuses femmes, enfants et hommes dans une pauvreté encore plus importante. Elle a exposé, le vilain secret selon lequel le système néolibéral qui permet le transfert d’argent public dans les mains privées, finalement, ne sert que les riches en les rendant encore plus riches. Déjà vu ! Oui, mais ce qui est frappant, c’est la nature des discours sur la solidarité dans cette pandémie mondiale, faisant croire aux populations que le marché avait compris le message de son incapacité à servir les populations. Bien que la discussion sur le Coronavirus 19 ait été technique, elle a rarement lié ce nouveau type de comportement du virus à la déforestation, à la production industrielle de viande et autres situations générées par les décisions des dirigeants.

De même, l’absurdité de l’approche mercantile monopolistique néolibérale sur la santé mondiale, approche maintenue invisible est en même temps la cause principale de l’aspect dévastateur de la pandémie ; cet état de fait n’est que rarement discuté et ses conséquences encore moins. Dans les années 1980, nous avons vu les effets dévastateurs des programmes d’ajustement structurel sur la santé mondiale (Structural Adjustment Programs, SAPs). Restreindre l’accès à une vie saine faisait partie de ce programme qui recommandait la destruction des systèmes de protection publics. Nous avons vu, par exemple, l’impact de cette approche sur le sida. Le directeur exécutif de l’ONUSIDA a rappelé au public que « les entreprises utilisent les monopoles pour réduire artificiellement les fournitures de médicaments vitaux et en gonfler les prix ».

Le lobbying des grandes entreprises pharmaceutiques qui est contraire aux principes éthiques, est soutenu par de nombreux dirigeants mondiaux. Ce lobbying tire discrètement les ficelles du processus politique lui-même, corrompant la tentative de solidarité pour obtenir un vaccin mondial accessible et sans brevet. Le rapport d’Oxfam souligne que ne pas partager et coopérer dans ces domaines revient à édicter des politiques de santé absurdes : « Le coût estimé de la fourniture d’un vaccin pour tous les habitants de la Terre est inférieur à 1 % du coût prévu de COVID-19 pour l’économie mondiale ».

Parallèlement, COVAX est une entité dont l’objectif est d’accélérer le développement et la fabrication des vaccins COVID-19 et de « garantir » un accès juste et équitable pour chaque pays du monde. COVAX est codirigée par Gavi, la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI) et l’OMS. Elle vise à accélérer le développement et la fabrication des vaccins COVID-19 et à garantir un accès juste et équitable pour chaque pays du monde. GAVI, l’Alliance pour les vaccins, s’engage à faire en sorte que personne ne soit laissé pour compte dans l’accès aux soins de santé, y compris au vaccin. Elle regroupe l’Organisation mondiale de la santé, l’UNICEF, la Banque mondiale et la Fondation Bill & Melinda Gates. Elle est présentée comme jouant un rôle essentiel dans le renforcement des soins de santé primaires (SSP). Ces entités disposent de moyens minimaux et peuvent également être influencées par un lobbying massif.

Tous ces mécanismes et les promesses de certains pays de soutenir COVAX pourraient être vains dans cet environnement néolibéral, car la liberté de quelques-uns est synonyme de liberté d’achat. L’absurdité de ne pas prendre en compte l’intérêt global de la solidarité face à une pandémie reflète la folie de poursuivre une politique de discrimination genrée, d’appauvrissement de l’équilibre environnemental (en encourageant l’utilisation de combustibles fossiles, la déforestation, l’industrialisation de la production alimentaire, etc.). Quoi qu’il en soit, comme le confirme des rapports de l’ONU, les femmes et les filles sont les premières à subir les conséquences de la pandémie et à perdre leurs droits, et c’est à elles que sont demandés les efforts pour protéger la vie et reconstruire la société.

Crédit photo : Cristian Newman / Avel Chuklanov